Méridiana par Chloé Dumas
Chloé Dumas est une personne incroyablement drôle, simple et généreuse. Pour preuve, son entière disponibilité pour partager avec nous son expérience sur le tournage de la saison 1 de A Discovery of Witches en incarnant le personnage inattendu de Méridiana.
Engagée et volontaire pour de nombreuses causes, Chloé Dumas n’est pas seulement une (très belle) actrice ! Elle est aussi professeur de yoga (découvrez ses impressionnants flows sur son compte Instagram) et une athlète accomplie. Jiu Jitsu brésilien, Kickboxing, danse, équitation, tir à l’arc, escalade… Elle incarne parfaitement le principe du « Mens Sana in Corpore Sano ». Aventurière dans l’âme, elle n’hésite pas à tenter sa chance à l’étranger comme elle a pu le faire en partant aux États-Unis ou en Grande-Bretagne. Multiculturelle, parlant 4 langues, parler avec elle est riche d’enseignements. Vous pouvez en savoir plus sur sa très belle philosophie de Vie bienveillante dans cette autre interview.
Comment en es-tu arrivée à devenir Meridiana pour la saison 1 de A Discovery of Witches ?
J’ai décroché le rôle alors que j’emménageais tout juste en Angleterre. Afin de préparer le rôle, je télécharge les livres en anglais sur Kindle et je les dévore ! Je ne peux plus m’arrêter. J’adore.
Je me dis que selon toute logique, la saison 1 devrait couvrir le 1er livre. Et je ne vois qu’une simple mention de Méridiana. Je m’attends donc à une silhouette non reconnaissable, et non parlante.
Des semaines plus tard, je reçois 4 scénarios et je suis surprise. Évidemment tout est confidentiel et je découvre que j’ai du texte ! Deborah Harkness a développé la mention de Méridiana en un personnage !
Je me mets en contact avec Deborah qui est extrêmement accessible et généreuse. Comme j’aime beaucoup l’Histoire, nous parlons de ce personnage surprise. Elle m’explique que son souhait pour la série n’est pas de mettre simplement le livre en images. Elle veut faire une surprise à ses fans en développant des personnages inattendus.
Dans l’intervalle, je me suis rendue chez Millennium FX, dans la banlieue de Londres pour réaliser les moulages pour le masque. Plus d’une heure sous des couches de bandages et de plâtre avec une paille dans chaque narine. Le Jiu Jitsu m’avait tellement habituée à lutter contre ma claustrophobie, ça n’a pas été si difficile, d’autant que tout le monde chez Millenium FX est vraiment très gentil.
Quand je pars au pays de Galles pour le tournage, je suis toujours dans le secret absolu. Je n’ai même pas le droit de donner le nom de mon personnage.
Méridiana n’est « qu’une tête dorée » à l’écran. J’imagine qu’il t’a fallu beaucoup de préparations en terme de maquillage et d’effets spéciaux. Peux-tu nous en dire plus ?
Une fois que je passais la tête dans la table, l’équipe me mettait le harnais en métal autour de la tête. Ensuite, je ne pouvais plus bouger et ils m’ajoutaient le masque amovible. Une fois le système mis, je restais là, à genoux, la tête dans la boîte à attendre même entre les prises. En plus de tous les masques, j’avais une espèce de dentier en haut et en bas qui m’empêchait de parler. Il m’a fallu refaire les dialogues en post prod.
En tout cas, j’ai eu beaucoup de chance car c’était vraiment une équipe géniale. Ils ont vraiment tout fait pour que tout se passe dans le confort.
J’ai adoré travaillé avec Malin Buska [Satu]. J’ai aimé son intériorité tellement lumineuse, son énergie très mystérieuse.
Trevor Eve [Gerbert] a été la personne la plus respectueuse de la terre. Chaque fois qu’il devait me nourrir du sang de son doigt, il se lavait les mains devant moi. Il voulait être sûr que je me sente respectée.
Qu’as-tu préféré dans le tournage ?
Comme je venais d’arriver en Grande Bretagne et que je connaissais encore mal le système britannique, je ne me rendais pas compte de l’énormité de cette production. Tout était sous contrôle, rien ne filtrait. Nous allions du studio à l’hôtel. Et pourtant il n’y avait aucune prétention. L’ambiance était très bon enfant, très positive. Et il y avait beaucoup de femmes partout. 50% de femmes sur un tournage, c’est tellement rare ! C’était vraiment une expérience formidable.
La série d’ailleurs est pleine de personnages féminins forts et inspirants. Laquelle de toutes ces femmes formidables est ta préférée ?
Teresa Palmer a apporté au personnage de Diana une force que je ne trouvais pas dans le livre. J’adore la Diana de la série. Teresa est la personne parfaite pour ce rôle car elle a en elle cette force qu’elle amène tout en douceur, même dans son quotidien. Cette force est juste là, posée comme un état. C’est beau !
J’aime aussi beaucoup Satu. Elle est un personnage vraiment intéressant et complètement différent par rapport au livre ! On en apprend tellement plus sur elle !
En revanche, dans les livres, j’ai vraiment aimé les tantes, Sarah et Em !
Ton personnage était le plus intriguant de cette saison puisque Méridiana n’existe pas vraiment dans le livre, elle n’est qu’évoquée. Je me souviens de t’avoir découvert lors du tapis rouge de la première et que nous nous sommes tous demandés qui pouvait bien être ton personnage. Qu’est-ce que cela faisait d’être un personnage « secret » ? Quel accueil les fans t’ont-ils réservé ?
Effectivement, mon personnage était complètement secret, caché. Lors de la Première à Cardiff, sur le tapis rouge, Deborah n’a dit que mon nom mais n’a pas parlé de mon personnage. La surprise est restée totale.
La 1ère fois où j’apparais, c’est au final de l’épisode 3. Je suis face à Gerbert et il y a juste ce moment où j’ouvre les yeux. Au générique apparaît « Chloé Dumas – Meridiana ». A ce moment il y a eu tellement de réactions sur Twitter ! Les gens ne s’y attendaient vraiment pas !
Je n’ai reçu que de bonnes réactions de la part des fans. Comme le personnage de Méridiana n’était pas attendu, c’était facile pour moi. Le peu de fans qui avaient compris que j’étais sur le tournage voulaient juste savoir qui j’étais. Quand ils l’ont su il y a eu quelques déceptions. Comme j’ai un visage très symétrique et un corps assez sportif, beaucoup de gens pensaient que je jouais le rôle de la Déesse.
Mais de manière générale j’ai eu beaucoup de retours positifs sur le fait que sans expression corporelle et sans aucun mouvement, j’arrivais à faire passer beaucoup d’émotions.
Le plus dur pour moi a été de ne pouvoir donner d’informations à personne. Et plus particulièrement à la fin de la saison quand les fans ont voulu savoir si j’étais dans la saison 2. Je ne pouvais pas répondre et je ne voulais pas manquer de respect aux fans.
Comment as-tu travaillé ton personnage ? Deborah t’a-t-elle donné des indications et des conseils ?
Deborah m’a parlé du personnage de Méridiana avant et après le tournage.
Tout comme en tant qu’historienne, elle se fait un devoir de produire une œuvre cohérente et respectueuse du public, elle a compris qu’il en était de même en tant que comédien. Se contenter de seulement apprendre son texte et débarquer sur le tournage n’est pas suffisant. Ce n’est pas comme ça que je travaille et personne sur ce projet ne travaillait comme ça.
C’est extrêmement intéressant de découvrir toute la backstory que Deborah a créé pour chacun de ses personnages. J’ai trouvé que c’était très puissant de sa part d’attendre que le tournage soit fini pour me dire quelle était sa backstory pour Méridiana. Elle m’a fait confiance et m’a laissé mon travail. Elle a répondu à toutes mes questions mais ne m’a rien imposé. Et elle a fait la même chose pour chaque personnage, même pour Diana. Elle nous a fait confiance et n’a pas essayé de forcer sa vision ni de nous contrôler. Et elle a toujours été là quand les gens avaient besoin d’aide. Il y avait une telle confiance entre elle et Jane Tranter (Productrice de Bad Wolf).
Comme tu parles 4 langues, tu peux jouer différents rôles pour chacune de ces langues. Est-ce que ton jeu est différent en fonction de la langue dans laquelle tu joues ?
Non. Je pars du principe que pour être capable de jouer dans une langue, il faut être capable de penser dans la langue. La phonétique ne suffit pas. Il faut avoir conscience de la musique de la langue.
L’Allemand est une langue que je maîtrise moins, je dois donc apprendre le texte absolument par cœur et travailler 10 fois plus qu’en Français, en Anglais ou en Espagnol.
Le jeu d’acteur n’est pas pas tellement à propos des mots, mais à propos des pauses. En tant qu’être humain, on inspire, l’idée vient juste avant la phrase et les mots. Le jeu est toujours au niveau des idées, quelque soit la langue.
De nombreux fans et critiques ont salués la grande sensibilité de la série et la subtilité des émotions portées à l’écran. On parle beaucoup « d’un œil féminin » pour expliquer ces nuances. Tu as eu l’occasion de travailler à la fois avec Alice Troughton et Sarah Walker. Selon toi, qu’est ce qui fait la différence entre l’approche d’une réalisatrice par rapport à celle d’un réalisateur ?
Une étude que j’ai lue disait que la majorité des programmes ont un héros masculin parce que les femmes peuvent s’identifier aussi bien à un héros masculin que féminin. Les hommes en revanche ne s’identifient qu’à un héros masculin. Je ne sais pas si c’est vrai, ou si c’est simplement la force de l’habitude.
Je ne vais pas faire de comparaison car je ne crois pas que ce soit une affaire de genre. Tout ce que je sais c’est que Sarah et Alice ont été merveilleuses.
Mais Juan Carlos Medina et Farren Blackburn ont réalisé 2 épisodes chacun, et la série est sublime de cohérence !
Je crois que l’œil féminin est surtout celui qui a créé cette histoire et ces personnages. Déborah est d’une bienveillance immense envers ses personnages, et elle s’est entourée de gens bienveillants pour leur donner vie.
